Habile et rusé, le renard s’est taillé une place de choix sur tous les continents de la planète (à l’exception de l’Antarctique) grâce à sa grande capacité d’adaptation. Même s’il vit souvent près de l’humain, il peuple aussi les zones arctiques, désertiques ou forestières.
Cette proximité n’est pas toujours du goût de l’Homme, qui considère cet animal comme une nuisance. D'ailleurs, s’il lui accorde une grande place dans de nombreux contes et légendes, ce n’est pas forcément pour en donner une bonne image...
Contrairement à ce que l'on croit souvent, le mot « renard » ne désigne pas une espèce bien précise de canidés : il regroupe en réalité une dizaine d'espèces différentes appartenant au genre Vulpes, dont la plus célèbre est le renard roux (Vulpes vulpes).
Le renard n'est pas un cousin direct du chien et du loup, qui appartiennent tous deux au genre Canis. Les ancêtres du renard et du chien ont divergé il y a plus de 5 millions d’années.
Il arrive parfois que l'appellation « renard » soit utilisée à tort pour désigner des canidés qui ressemblent effectivement à des renards, mais qui appartiennent en fait à des genres différents. C'est le cas par exemple du Renard des Savanes (Cerdocyon thous), du Renard des Malouines (Dusicyon australis) ou du Renard Gris d'Argentine (Lycalopex culpaeus), qui en fait sont plus proches du loup et du chien que du renard, contrairement à ce que leur nom laisse croire.
Il existe actuellement 12 espèces de renards, réparties dans la majorité des habitats de la planète. Les plus remarquables sont le renard roux, le renard du Bengale, le renard de Blanford, le renard polaire et le fennec.
L'étude de nombreux fossiles conduit toutefois les scientifiques à penser qu'il aurait pu exister par le passé 10 espèces de renards supplémentaires, distinctes de celles que l'on connaît aujourd'hui et qui potentiellement n'auraient pas toutes vécues à la même époque.
Le renard roux (Vulpes vulpes) est l’espèce de renard la plus répandue dans le monde, mais également la mieux connue. Son habitat couvre l’Amérique du Nord, l’Europe, l’Afrique du Nord ainsi que l’Australie, où il a été introduit par l’Homme au cours du 19ème siècle. Il s'agit d'ailleurs probablement de l'un des mammifères les plus répandus sur la planète.
C'est la plus grosse espèce de renards, puisqu'il peut mesurer jusqu’à 50 cm de hauteur, 90 cm de longueur, et peser près de 15 kg. Il reste malgré tout bien plus petit que la plupart des autres canidés, et est donc considéré comme un canidé de taille moyenne.
Son pelage est roux chez la majorité des individus, mais certaines sous-espèces présentent diverses variations permettant de s'adapter au climat de leur région. Ainsi, dans l'ensemble, les renards roux vivant dans des régions froides ont une fourrure plutôt beige, tandis qu'elle tire plutôt vers le marron foncé chez ceux qui évoluent dans des zones chaudes.
Le renard du Bengale (Vulpes Bengalensis) vit sur le sous-continent indien, où il est endémique. On le trouve en effet surtout en Inde, ainsi que dans certaines zones du Pakistan, du Bangladesh et du Népal.
Assez petit, il se distingue du renard roux par son apparence beaucoup plus fine et délicate. Il ne mesure en effet que 50 à 60 cm de longueur, pour un poids de 2 à 4 kg. Sa fourrure est de couleur sable orangé mais entremêlée de poils plus foncés sur l'ensemble du corps, et en particulier sur la queue.
Son habitat préféré est la prairie semi-aride. De ce fait, la conversion de nombre de prairies pour en faire des terres agricoles constitue une réelle menace pour lui. En parallèle, il est aussi chassé par certaines populations locales pour être utilisé dans la médecine traditionnelle.
Aussi appelé renard afghan, le renard de Blanford (Vulpes Cana), vit dans les régions montagneuses du Moyen-Orient.
Ce petit carnivore à la queue touffue, aux grandes oreilles et au pelage d'un roux grisâtre a une apparence qui n’est pas sans rappeler celle du chat. Il est encore plus petit que le renard du Bengale, puisqu'il mesure à peine autour de 40 cm et pèse moins de 2 kg.
Il vit dans les hautes terres arides et les steppes, ainsi que les falaises et les canyons, où il chasse de petits rongeurs. Ses habitats sont toutefois isolés les uns des autres, notamment parce qu'ils sont séparés par des zones habitées par l'être humain. De ce fait, les différentes populations se mélangent assez peu : le bagage génétique de l'espèce est donc peu diversifié, avec à la clef une prévalence accrue de maladies génétiques.
Le renard de Blanford est classé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) comme une espèce vulnérable, puisqu'on estime qu’il ne reste qu’environ un millier d’individus dans le monde.
Aussi appelé renard arctique, le renard polaire doit son nom au fait qu'il vit dans les régions arctiques, notamment le Canada, l'Alaska, le Groenland, le Svalbard (dans le nord de la Norvège) et l'Islande. Son nom scientifique est Vulpes Lagopus.
Il se distingue des autres espèces par son pelage épais et long, qui lui permet de résister à des températures de -50°C et qui devient entièrement blanc en hiver. Ses petites oreilles rondes contribuent aussi à sa capacité à s’accommoder des conditions les plus extrêmes, car cette forme limite les zones exposées au froid : cela l’aide à conserver sa chaleur.
Le fait de n’être guère difficile en termes de nourriture est aussi un atout : le renard polaire peut manger presque n’importe quoi pour survivre, que ce soit un animal mort ou vivant, des fruits, des racines ou des insectes. Les lemmings (des rongeurs vivant dans les régions arctiques) constituent toutefois une grande part de son alimentation.
Le renard polaire est menacé par le réchauffement climatique. Son aire de répartition rétrécit constamment, tandis qu'au contraire celle du renard roux monte vers le nord à mesure que la température moyenne augmente et que les zones enneigées reculent.
Plus petite espèce de canidé sauvage du monde, le fennec (Vulpes Zerda) vit dans le Sahara et sur la péninsule arabique. Il mesure entre 20 et 40 cm de long, pour un poids compris entre 0,5 et 1,5 kg.
Il est reconnaissable à ses oreilles surdimensionnées, qui l’aident à réguler sa température dans la chaleur extrême du désert. Ses reins sont eux aussi adaptés à l’environnement hostile dans lequel il évolue : ils lui permettent de survivre sans eau « libre », c’est-à-dire autre que celle qu’il tire de son alimentation solide.
Par ailleurs, il est un des seuls renards qui soit réellement social : ses terriers sont fréquemment reliés à ceux de ses voisins, ou creusés l’un près de l’autre. Il est d’ailleurs souvent observé en train de dormir serré contre ses pairs.
Le fennec est une espèce protégée, car sa population est menacée par le trafic d’animaux exotiques.
Le renard du Cap (Vulpes Chama) vit dans les zones arides ouvertes de la pointe sud de l'Afrique, notamment la Namibie, l'Afrique du Sud, l'Angola, le Botswana ou encore le Lesotho.
Comme beaucoup de mammifères carnivores du désert, il possède un pelage entre le gris et le fauve, et de grandes oreilles qui l'aident à évacuer la chaleur. Son gabarit est assez petit : il mesure un peu moins de 60 cm de long et pèse autour de 4 kg à l'âge adulte.
Le renard corsac (Vulpes Corsac) vit dans les steppes et les déserts d'Eurasie centrale, raison pour laquelle il est aussi appelé « renard des steppes ».
Il possède un beau manteau allant du gris clair au blanc, qui l'aide à se camoufler dans son environnement naturel. Son gabarit est un peu plus petit que celui du renard roux : entre 50 et 60 cm de longueur, pour un poids situé autour de 3 kg.
Comme son nom l'indique, le renard du Tibet (Vulpes Ferrilata) vit principalement au Tibet, à des altitudes comprises entre 2500 et 5300 mètres.
Il est facilement reconnaissable à sa tête très large, ses oreilles assez petites et bien écartées, ainsi que son corps plus trapu que celui des autres renards. Sa fourrure dense lui permet de résister à des températures pouvant atteindre -40°C en hiver.
Le renard du Tibet est plus long que réellement haut ou imposant. Il mesure en effet entre 60 et 70 cm de long, mais pèse seulement 3 à 6 kg. Son pelage épais lui donne néanmoins l'air d'être plus gros qu'il ne l'est réellement.
Le renard nain (Vulpes Macrotis) vit uniquement aux Etats-Unis et dans la moitié nord du Mexique.
Il est le plus petit canidé sauvage vivant sur le continent nord-américain, ce qui lui vaut d'ailleurs son nom. Il mesure en effet entre 45 et 55 cm de longueur, pour un poids allant de 1,5 à 2,5 kg. Ce n'est toutefois pas le plus petit renard : le titre revient au fennec.
Comme le fennec et le renard du Cap, il possède de grandes oreilles qui l'aident à se rafraîchir. Son pelage est gris avec des tons roux, et sa queue se finit par une touche de noir.
Le renard véloce (Vulpes Velox) vit en Amérique du Nord. Il doit son nom au fait qu'il peut courir jusqu'à 60 km/h pendant une courte période (quelques dizaines de secondes). Cette particularité lui est utile pour chasser mais aussi pour échapper à ses prédateurs, tels que le coyote.
Il mesure en moyenne entre 37 et 52 cm, et pèse entre 1,8 et 3 kg à l'âge adulte.
On trouve le renard pâle (Vulpes Pallida) dans toute la zone située entre le Soudan et le Sénégal. Il doit son nom à son pelage couleur sable ainsi qu'à ses flancs et son ventre clairs, voire blancs. Il vit en groupes organisés, contrairement à la plupart de ses cousins qui sont solitaires.
Le renard de Rüppell (Vulpes Rueppellii) est présent dans les pays allant de l'Iran jusqu'à la Mauritanie. Comme il est petit et très mince (2 kg en moyenne, soit moins qu'un très petit chat), on l'appelle également « renard famélique ».
Le renard possède certaines particularités physiques qui le distinguent des autres canidés et le rendent assez facile à reconnaître.
Les différentes espèces appartenant au genre des renards (Vulpes) se distinguent par un crâne plus étroit et allongé que celui des autres canidés, des pattes plus courtes, un museau effilé et une belle queue touffue.
Contrairement aux autres canidés, les griffes des renards sont semi-rétractiles : ils peuvent donc les rétracter en partie, mais pas autant par exemple que les griffes du chat.
Par ailleurs, leurs canines sont concaves (c'est-à-dire arrondies vers l'intérieur) et non convexes (arrondies vers l'extérieur) comme celles du chien.
En revanche, ils sont comme ce dernier (et comme le loup) digitigrades, c'est-à-dire qu’ils se déplacent sur leurs orteils. Ils peuvent d'ailleurs atteindre une vitesse au galop de 50 km/h, et certaines espèces comme le renard véloce sont même encore plus rapides que cela. Toutefois, ils n’affectionnent pas particulièrement le sprint, préférant trotter à une dizaine de kilomètres par heure.
Le renard est plus petit que les autres canidés comme le loup, le chacal et le chien, qui est lui-même une sous-espèce domestique du loup.
Le plus grand des renards, le renard roux, mesure jusqu’à 50 cm de hauteur et 90 cm de long. Le poids des adultes varie grandement selon les aires de répartition géographique, mais va de 3 à 14 kg, avec une moyenne autour de 7 kg.
Les autres espèces de renards sont quant à elles nettement plus menues. La plus petite d'entre elles est le fennec : il mesure à peine 20 à 40 cm de long, et pèse moins de 1,5 kg.
Il existe donc une assez grande diversité en termes de gabarit entre les différentes espèces de renard. Voici un tableau récapitulatif de la longueur (sans la queue) et du poids de chacune :
Espèce | Longueur | Poids |
---|---|---|
Renard roux | 90 cm | 7 kg |
Renard du Bengale | 50-60 cm | 2-4 kg |
Renard de Blanford | 40 cm | 1-1,5 kg |
Renard polaire | 55-70 cm | 5 kg |
Fennec | 20-40 cm | 0,5-1,5 kg |
Renard du Cap | 55 cm | 4 kg |
Renard corsac | 50-60 cm | 3 kg |
Renard du Tibet | 60-70 cm | 3-6 kg |
Renard nain | 45-55 cm | 1,5-2,5 kg |
Renard véloce | 37-52 cm | 1,8-3 kg |
Renard pâle | 40-45 cm | 1,5-3,6 kg |
Renard de Rüppell | 40-50 cm | 1,7 kg |
Le pelage du renard est globalement plus dense et épais que celui des autres canidés. D'ailleurs, alors que le pelage d'un chien ne compte que deux couches superposées, lui en comporte trois :
En outre, contrairement à ce que l'on observe le plus souvent chez son cousin le chien, le renard dispose d'une queue assez longue et très touffue. Il s'enroule dedans en hiver pour se tenir au chaud.
Par ailleurs, dans l'imaginaire collectif, il est souvent perçu comme arborant un pelage roux. Cela n'a rien de surprenant, car le renard roux est le plus répandu sur la planète. Néanmoins, si on prend en compte l'ensemble des espèces de renards, la couleur est en réalité assez variable d'une région à l'autre : si elle se situe globalement entre le jaune et le gris orangé, on trouve des espèces à la robe plus originale, comme le renard polaire et son beau manteau d'hiver tout blanc.
Le renard possède une vaste gamme de sons utilisés pour communiquer avec ses pairs : on en recense 12 différents chez l'adulte et 8 chez les renardeaux.
Le plus fréquent est le glapissement : on dit d'ailleurs que le renard glapit. Il s'agit d'un cri aigu et bref, que l'on retrouve aussi chez quelques autres animaux dont les chiens de petite taille, le lapin ou encore certains oiseaux tels que la grue. Il serait surtout utilisé lorsque deux renards s'approchent l'un de l'autre, pour se saluer.
D'autres types de cris sont utilisés en fonction des situations : des aboiements plus forts pour donner l'alerte, des gloussements pour appeler les petits, des couinements, etc.
En raison de sa grande capacité d'adaptation et de son régime alimentaire très varié, le renard est présent sur presque tous les continents. Les espèces ne sont toutefois pas les mêmes : par exemple, le renard polaire est présent dans les régions arctiques, tandis que le fennec et le renard du Cap vivent dans les zones désertiques d'Afrique.
Le renard roux est celui dont l'aire de répartition est la plus importante. On le trouve en effet en Europe, en Asie, en Amérique du Nord, en Afrique du Nord ainsi qu'en Australie, où il a été introduit par l'Homme pour réduire la population de lapins de garenne. Il y est désormais considéré comme un nuisible, car sa présence a entraîné la réduction drastique (parfois jusqu'à la disparition) de la population de certaines espèces animales endémiques du pays, notamment des oiseaux et des rongeurs.
Par ailleurs, le renard est présent dans toutes sortes de milieux et d'habitats : on le trouve dans les forêts, les praires, les champs, les friches... Parfois, il n'hésite pas à s'approcher des villes voire à y entrer, car il craint peu l'être humain. Il peut en outre facilement passer d'un milieu à l'autre, en fonction des saisons et de l'abondance de nourriture. Compte tenu de leur morphologie et leur pelage, certaines espèces de renards sont même capables de vivre dans des zones montagneuses - parfois à des altitudes assez élevées - ou à l'inverse dans des déserts arides.
Contrairement au loup et à beaucoup d'autres canidés, le renard est un animal plutôt solitaire, qui n'évolue pas en meute. Il vit en famille uniquement pour élever ses petits et jusqu’à ce que ces derniers atteignent la maturité sexuelle (ce qui survient vers l’âge de 10 mois chez le renard roux), mais chasse la plupart du temps seul - qu'il s'agisse d'un mâle ou d'une femelle.
Toutefois, il arrive que les membres de certaines espèces de renards se rassemblent en petits groupes dans les territoires où la nourriture est très abondante. Ils adoptent alors un comportement similaire aux meutes de loups, dans lesquelles le mâle et la femelle « alpha » s’approprient une grande part de la chasse et sont les seuls à pouvoir se reproduire.
Enfin, quelle que soit l'espèce, le renard est un animal territorial. La superficie de son espace vital (c’est-à-dire le territoire qui lui est nécessaire pour se nourrir) va de quelques dizaines d’hectares en ville à plusieurs centaines d’hectares en milieu naturel. Il dispose de glandes servant à marquer son territoire en déposant des phéromones ayant une odeur très forte et caractéristique.
Il n'y a pas que par son comportement que le renard se distingue des autres canidés : il le fait aussi par son alimentation. En effet, tant son régime alimentaire que sa technique de chasse sont assez différents de ceux du loup, du chien et de ses autres cousins.
Le renard mange de tout : c'est un omnivore, contrairement à la plupart des autres canidés qui sont eux carnivores - y compris d'ailleurs le chien, même s'il peut manger une petite quantité de fruits et légumes.
C'est un animal opportuniste : en fonction de la période de l'année, de son environnement et de ce qu'il parvient à obtenir, il se nourrit aussi bien de petits mammifères (rongeurs, lapins...) que d’oiseaux, de poissons, de reptiles, d'amphibiens, d'insectes, de vers, d’oeufs, de fruits (pommes, prunes, cerises...), de baies (myrtilles, raisins...), de graines (notamment des glands), de champignons, de charognes ou encore de déchets produits par l’Homme.
Les rongeurs constituent toutefois une grande partie de son régime alimentaire, notamment au printemps et en été : souris, rats, mulots, gerbilles et campagnols sont quelques exemples de proies dont il se nourrit largement. Il est de ce fait apprécié des agriculteurs, car il réduit les dégâts occasionnés par les rongeurs sur les cultures et les récoltes. Il contribue également à limiter la diffusion de la maladie de Lyme car cette dernière se transmet par les tiques, qui vivent essentiellement sur les rongeurs.
En revanche, il possède la réputation de s'en prendre volontiers à la volaille (notamment les poules), ce qui lui attire les foudres des éleveurs. Il est également vu comme un rival par les chasseurs, car il se nourrit aussi de lapins, de perdrix, de faisans et autre petit gibier.
Davantage actif au crépuscule et la nuit que la journée, le renard chasse souvent seul - même lorsqu'il vit en groupe. Comme il possède un petit estomac par rapport à sa taille, il ne peut manger beaucoup en une seule fois : il passe donc une bonne partie de son temps à chercher de la nourriture et multiplie les prises alimentaires, à la manière d'un chat.
Il chasse à l'affût et pratique une technique appelée mulotage. Cette méthode de chasse consiste à bondir dans les airs pour retomber pattes en avant sur sa proie et l'immobiliser, avant de la tuer d'un coup de dents. Le mulotage est surtout pratiqué pour attraper des rongeurs : d'ailleurs, le mot vient à l'origine de « mulot », un petit rongeur qui fait partie du menu habituel du renard.
Cette technique de chasse est assez unique chez les carnivores, mais certaines agissent de manière relativement proche : c'est le cas par exemple du serval, un félin sauvage connu pour faire des bonds prodigieux sur sa prise.
La reproduction du renard n'est pas exactement la même d'une espèce à l'autre. Néanmoins, les grandes étapes sont globalement identiques.
L'accouplement a généralement lieu en début d'hiver, afin que les petits viennent au monde au printemps, lorsque les proies sont plus nombreuses. La femelle en chaleur appelle les mâles alentour par des vocalises particulières et des marques olfactives laissées sur leur territoire - le renard vit en effet généralement en solitaire, sauf en période de reproduction.
La gestation du renard dure environ 52 jours, soit un peu moins que la durée de gestation d'un chien. La mise bas a lieu dans un terrier. La femelle donne alors naissance à une portée comportant jusqu'à 12 petits, même si la moyenne se situe plutôt entre 4 et 6. Les renardeaux commencent à manger de la viande vers l'âge de 3 semaines, font leurs premières sorties hors du terrier vers 4 semaines, sont sevrés vers 6 à 9 semaines, et partent à la recherche de leur propre territoire vers 6 mois. Certains décident toutefois de rester aux côtés de leurs parents pour constituer de petits groupes de renards.
Même si certains individus en captivité atteignent l'âge de 14 ans, la durée de vie du renard se situe en moyenne autour de 3 ou 4 ans seulement. Elle est donc nettement inférieure à l’espérance de vie du chien, qui atteint plutôt une dizaine d'années. Il faut toutefois se méfier de cette moyenne, car la mortalité des jeunes est très importante.
En effet, contrairement à beaucoup d'autres canidés, le renard ne figure pas au sommet de la chaîne alimentaire, et constitue une proie potentielle pour certains grands carnivores comme le lynx, le loup, le puma ou encore l'ours. Or, les renardeaux sont particulièrement vulnérables, car pas suffisamment agiles pour échapper à ces dangers. Certains scientifiques estiment que 15% des individus n'atteignent jamais l'âge d'un mois, et 50% celui de 2 ans.
Une fois adulte, le renard est nettement moins sujet aux attaques par d'autres prédateurs, car il devient assez habile et rapide pour leur échapper. En revanche, il subit la chasse et le braconnage, et peut être victime d'un accident (notamment une collision avec un véhicule, lorsqu'il vit près des villes). Cela explique que son espérance de vie reste limitée et dépasse rarement les 5 ou 6 ans, malgré sa grande intelligence et son régime alimentaire varié.
Comme le loup, le renard a une histoire particulière avec l'Homme. Tantôt vénéré pour sa ruse et son intelligence, tantôt apprécié pour son rôle écologique (notamment dans la lutte contre les rongeurs), tantôt considéré comme nuisible en raison des dégâts qu'il cause (par exemple dans les poulaillers), il ne laisse guère indifférent.
Depuis bien longtemps, le renard figure dans des contes, des fables et des légendes d’un grand nombre de civilisations.
En France, au Moyen-Âge, on connaissait le renard sous le nom de « goupil ». Puis est arrivé au 13ème siècle Le Roman de Renart, un ensemble de récits animaliers dont le héros est un goupil nommé Renart. Du fait de la grande popularité de ces histoires et surtout du personnage de Renart, qui représentait les petites gens négligées par les classes dirigeantes, le nom de goupil laissa peu à peu la place à celui de renard.
Une des fables d’Ésope, au 6ème siècle avant J.-C., parle de la rencontre entre un corbeau et un renard. Reprise au 17ème siècle par Jean de La Fontaine (1621-1695) dans ses Fables, elle en est même devenue l’une des plus célèbres. On connaît l’histoire, mais ce qu’on ne réalise pas, c’est que la représentation du renard comme animal rusé, apte à déjouer et à enjôler, est en fait un fil conducteur de beaucoup de légendes à travers le monde et les civilisations. Ésope mentionne d’ailleurs le renard dans pas moins de 42 de ses 358 fables.
Dans certains folklores autochtones nord-américains, comme ceux des Cris et des Ojibwes, le renard est aussi un sage et un joueur de tours. Des mythes le décrivent comme un esprit intelligent, qui vient en aide aux êtres dans le besoin et s’acharne sur les arrogants. Chez les Blackfoot et les Apaches, ce serait le renard qui aurait donné le feu aux humains.
En Corée, en Chine et au Japon, les renards sont des esprits puissants de nature rusée et sournoise, qui trompent parfois les humains. Ils apparaissent parfois sous la forme de femmes cherchant à séduire les hommes.
Le renard légendaire japonais, nommé kitsune, possède jusqu’à neuf queues. Il est considéré comme le messager de Inari, une des divinités shinto les plus fréquemment représentées à travers justement son messager.
Bien avant Ésope, les Mésopotamiens (3000 à 500 avant J.-C.) voyaient pour leur part le renard comme un messager de la déesse Ninhursag.
Les Moches, qui du 2ème au 7ème siècle peuplaient une zone côtière située actuellement dans le nord du Pérou, représentaient pour leur part le renard comme un guerrier qui, pour combattre, utilisait son esprit plutôt que la violence physique.
La mythologie celtique présente quant à elle le renard comme un être rusé qui connaît mieux la forêt que quiconque, et dont la principale qualité est sa capacité d’adaptation. Il peut ainsi changer de forme, entre humain et canin, et attirer les esprits faibles.
Dans les années 50, un zoologiste russe du nom de Dmitri Beliaïev (1917-1985) entama un projet anthropologique ambitieux. Son but était en effet de découvrir le processus de domestication des animaux par l’humain. L’hypothèse qu’il avançait est que les animaux domestiqués tels que les chiens subissent des modifications physiologiques à cause de la sélection artificielle : celle-ci priorise en effet certains traits de comportement, à commencer par la gentillesse à l’égard de l’humain.
Pendant pas moins de 26 ans, il fit donc se reproduire des Vulpes vulpes (c'est-à-dire des renards roux) afin de créer un renard domestiqué, en choisissant à chaque génération les individus les plus affectueux. Après seulement six générations, certains renards n’étaient plus apeurés ni agressifs à la vue d'humains : au contraire, ils entraient volontairement en contact avec eux et se mettaient même à les lécher.
Il n’y a pas qu’en termes de comportement que ces renards roux domestiqués s'éloignèrent de leurs ancêtres sauvages, mais aussi en termes d’apparence. Ainsi, ils avaient des oreilles plus molles, une queue plus courte et portaient des taches blanches sur leur pelage, ce qui confirmait l’hypothèse de départ du scientifique quant au fait que la domestication entraîne des modifications physiologiques.
En 2017, une statue fut érigée à Novosibirsk, en Sibérie, là où Dmitri Beliaïev effectua ses travaux. Il y est représenté avec un renard lui tenant la patte, comme un symbole de sa domestication par l’Homme.
Les résultats de l’expérience de Beliaïev forment une ressource unique pour comprendre le processus de domestication d’une espèce par l’Homme. Cela dit, le génome du renard n’a pas été encore séquencé, ce qui signifie que les gènes responsables de son comportement domestiqué n’ont pas encore été identifiés. Lorsque les scientifiques l’auront fait, l’héritage de Beliaïev prendra tout son sens.
En attendant, l’élevage de renards domestiqués se poursuit encore de nos jours à Novossibirsk.
Le renard (et en particulier le renard roux, l'espèce la plus répandue) a longtemps été perçu comme un animal nuisible.
De fait, avant le grand mouvement d’urbanisation entamé au 19ème siècle avec la révolution industrielle, une large partie de la population des pays européens vivait de l’agriculture et dans les campagnes. Le renard roux était alors célèbre et redouté pour ses attaques, en particulier sur les poulaillers, qui se soldaient souvent par de terribles hécatombes. Il était alors chassé sans pitié par les éleveurs.
Dans les années 90, le renard roux d’Europe a également été la cible d’une campagne d’éradication afin d’endiguer la rage. Il est en effet un vecteur potentiel de la maladie, puisqu'il peut transmettre le virus à d'autres mammifères par simple morsure. Toutefois, plus que la réduction de sa population, c’est la généralisation de la vaccination contre la rage qui a permis d’endiguer cette maladie mortelle.
De nos jours, la chasse à courre persiste en Europe et en Amérique du Nord, et le renard fait partie de ses cibles de prédilection. En Grande-Bretagne, le recours à ce type de chasse contre le renard est devenu illégal en 2005, mais la pratique perdure : on a rapporté plus de 500 chasses illégales en 2018. La population de renard roux y aurait d'ailleurs diminué de plus de 40% depuis 1995.
En Australie, où le renard roux a été introduit par l’Homme pour réduire la population de lapins de garenne (eux aussi introduits par l’Homme), il est considéré depuis 1929 comme une espèce invasive et fait l’objet d’une chasse visant à réduire sa population, sans grand succès. De fait, plus que l’humain, c’est le dingo qui y est son principal prédateur.
Cousin du loup et du chien, le renard est un animal captivant en raison de sa grande capacité d’adaptation. Sa ruse a fasciné de nombreuses cultures, et sa large diffusion géographique en fait un animal sauvage incontournable un peu partout dans le monde.
Avec l’expansion des villes et la réduction des territoires naturels, il ne pourra à l’avenir qu’être de plus en plus en contact avec l’humain. Il faut espérer que ce dernier pourra voir en lui autre chose qu’un nuisible à éloigner, voire éliminer. De fait, si le genre Vulpes en général n’est pas en voie de disparition, plusieurs espèces de renards ont un statut vulnérable ou inquiétant.