Si Tintin, Astérix et Lucky Luke sont depuis longtemps devenus des personnages iconiques connus de tous, de 7 à 77 ans, leurs compagnons à quatre pattes n’en sont pas moins célèbres pour autant.
En effet, que serait par exemple Tintin sans son fidèle Milou pour lui donner un coup de patte dans ses enquêtes, et même parfois le sortir de situations bien mal engagées ? Sans oublier ces joyeux toutous comme Snoopy qui ont parfois volé la vedette à leurs maîtres...
C’est en 1827 que naquit la bande dessinée, quand l’auteur suisse Rodolphe Töpffer eut l’idée d’une histoire mêlant dessin et littérature, histoire qu’il intitula Les amours de monsieur Vieux Boix. Elle ne fut jamais publiée, mais servit de brouillon à ce qui deviendrait la première bande dessinée de Töpffer : L'histoire de Monsieur Jabot. Cette œuvre publiée en 1933 circula dans les milieux littéraires européens et y rencontra un franc succès, au point d’ailleurs d’enthousiasmer un certain Goethe, qui vit là une œuvre « étincelante de verve et d’esprit ».
S’inspirant des caricatures anglo-saxonnes sans pour autant verser dans la parodie, Töpffer signa une œuvre singulière qu’il appela « littérature en estampe ». Ne se contentant pas d’être un auteur, Töpffer se fit aussi le premier théoricien de son art et y consacra des essais pour en expliquer l'originalité : d’une part, l’interconnexion du dessin et du texte, et d’autre part l’importance donnée aux personnages.
Dix ans plus tard, cette nouvelle forme de littérature commença à se diffuser dans toute l’Europe, intéressant notamment les auteurs francophones, mais aussi les Allemands, à l’image de Wilhelm Busch, qui inventa la bande dessinée en une page et sans dialogue telle qu’on la retrouve parfois encore aujourd’hui dans la presse. En 1865, ce même Busch ouvrit la bande dessinée à un nouveau public, les enfants, avec la parution de Max et Moritz, qui racontait les aventures de deux enfants insupportables et réfractaires à toute forme d’autorité.
Cette même bande dessinée traversa cinq ans plus tard l’Atlantique pour devenir un franc succès aux États-Unis, au point d’inspirer à l’auteur germano-américain Rudolph Dirks la réalisation de Pim Pam Poum, un célèbre comic strip publié en 1897 dans les pages du journal The American Humorist et qui racontait les aventures d’une famille d’origine allemande vivant sur une île tropicale.
Au même titre que le chien fait partie intégrante de l’histoire de la littérature, avec même à la clef certains chefs-d’œuvre comme Croc-Blanc de Jack London, le meilleur ami de l’Homme est aussi parvenu à se faire une place jusque dans les BD les plus populaires. Il faut dire que longtemps avant l'apparition de Milou ou Snoopy, l’Homme honorait déjà son fidèle compagnon par le dessin. Ainsi, en 2017, des archéologues ont découvert sur les sites d’art rupestre de Shuwaymis et Jubbah, en Arabie Saoudite, des représentations de chiens en laisse datant de 9.000 à 10.000 ans. Il s’agit d’ailleurs à ce jour de la représentation la plus ancienne d’un chien domestiqué. Entre ces premiers dessins et Idéfix, il y a bien sûr un monde, et il fallut attendre les années 50 pour que les chiens deviennent des personnages omniprésents dans la BD.
Le parcours du chien dans la bande dessinée est loin d’être une aventure homogène. En effet, depuis les débuts, les auteurs de BD n'ont eu de cesse d'adopter des voies différentes quant à l’utilisation et la représentation des chiens. Ainsi, Odie n’existe que pour souligner la malice de Garfield, Idéfix ne jure que par la nourriture, et Snoopy, qui se déplace à deux pattes et laisse libre cours à ses réflexions philosophiques, est davantage la voix et l’alter ego de son auteur.
Parfois bête comme ses pattes et d’autres fois indispensable à la résolution d’une intrigue, le chien dans la bande dessinée est autant la preuve de la passion de l’être humain pour son plus vieil animal de compagnie qu’un miroir satirique pour ses auteurs.